Comme je déguste des centaines de vins à l’année, un ami restaurateur et hôte m’a demandé conseil sur le choix de verres à dégustation. Un essai comparatif s’est avéré évident, car des verres, il en existe de toutes formes, de toutes matières (et oui même si c’est du verre), tous destinés à un usage particulier, si l’on veut se donner la peine d’y porter une quelconque attention.
Je me suis mise en quête de verres, certains que l’on m’a prêtés pour l’exercice et j’avais donc 8 verres à comparer, avec les vins dont la liste suit, sans m’occuper de la destination des verres envisagée par le fabricant (blancs ou rouges) et sans définir d’ordre particulier. A savoir que j’avais déjà dégusté ces vins en février 2019, avant leur mise en bouteille.
Quelques professionnels du vin et amateurs ont aussi participé à cette dégustation mais font le choix de rester dans l’anonymat.
- Meursault Premier Cru Santenots 2017 (blanc)
- Chevalier Montrachet Grand Cru 2017 (blanc)
- Montrachet Grand Cru 2017 (blanc)
- Clos Vougeot Grand Cru 2017 (rouge)
Dans la méthodologie, nous avons comparé le nez du vin avec chacun des verres et ensuite la bouche.
Les 8 verres à l’essai étaient les suivants, classés ci-dessous par ordre alphabétique :
- CHEF & SOMMELIER – Reveal’Up
- LEHMANN – Arnaud Lallemant n°3
- LEHMANN – Modèle Hadrien 45 – Fabrice Sommier
- RIEDEL – Performance Chardonnay
- RIEDEL – Performance Pinot Noir
- SPIEGELAU – Novo – Red Wine Glass
- SYDONIOS – L’Esthète
- SYDONIOS – L’universel
Précision importante : l’ordre des verres pour l’essai est totalement aléatoire, n’est pas du tout en corrélation avec l’ordre alphabétique ci-dessus.
Voici ce que chaque verre pouvait révéler des vins, sachant qu’ils étaient tous à la même température et mis en bouteille dans les jours précédent cet essai.
1. VERRE N°1
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- Meursault premier cru les Santenots 2017 : le nez s’est avéré très expressif, d’une belle complexité aromatique. La bouche était ample, le vin complet et tout simplement grandiose.
- Chevalier Montrachet Grand Cru 2017 : le nez révèle des notes pétrolées et minérales et la bouche ronde, saline, enveloppante et profonde.
- Montrachet Grand Cru 2017 : le nez toujours très expressif de ces grands terroirs, à la fois minéral, complexe et un jus plein, sphérique, dans un parfait équilibre.
- Clos Vougeot Grand Cru 2017 : nez élégant et complexe, avec une dominante d’épices et de petites baies sauvages. La bouche très en équilibre, rehaussée par une légère amertume de cacao amer.
2. VERRE N°2
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- Meursault premier cru les Santenots 2017 : le nez s’est avéré très discret en comparaison avec le verre n°1 et chose étonnante en bouche il a plutôt fait ressortir l’alcool qui est devenu dominant.
- Chevalier Montrachet Grand Cru 2017 : à l’instar du Meursault premier cru Santenots, le parfum du vin ne s’est pas réellement révélé, la sensation en bouche était ronde et fluide, faisant toutefois ressortir une finale plus chaude que le verre n°1.
- Montrachet Grand Cru 2017 : le nez s’est encore fait discret ici, la bouche a révélé une belle finesse et d’un grand classicisme pour son terroir.
- Clos Vougeot Grand Cru 2017 : les parfums floraux dominants sur une matière très resserrée, tendue, mais à la fois facile d’approche.
3. VERRE N°3
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- Meursault premier cru les Santenots 2017 : Que ce soit au niveau aromatique que gustativement, le vin est ici tendu et beaucoup plus fermé.
- Chevalier Montrachet Grand Cru 2017 : le nez se fait très discret, la bouche s’exprime avec beaucoup de tension et d’austérité. Il apparaît soudain monacal.
- Montrachet Grand Cru 2017 : ce verre ne lui convient absolument pas à ce stade d’évolution (il est très jeune pour un grand cru) car son acidité est mise en valeur, lui donnant un caractère citronné, dans une tension extrême.
- Clos Vougeot Grand Cru 2017 : les arômes sont neutres, il ne s’exprime pas réellement et de façon étonnante, l’alcool ressort comme prédominant.
4. VERRE N°4
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- Meursault premier cru les Santenots 2017 : L’expression du vin est saline et montante, ses arômes sont élégants et subtils. En revanche, en bouche, il apparaît beaucoup plus standard et l’on perd l’effet terroir.
- Chevalier Montrachet Grand Cru 2017 : le nez pétrole légèrement avec des notes minérales, il s’exprime dans la finesse avec une très belle allonge.
- Montrachet Grand Cru 2017 : à l’instar du n°3, ce verre ne lui convient absolument pas à ce stade d’évolution où il apparaît d’une grande austérité et très fermé.
- Clos Vougeot Grand Cru 2017 : les arômes sont frais, avec quelques notes “végétales” provenant de sa vinification en grappes entières ce qui est très agréable au nez, mais l’est moins en bouche.
5. VERRE N°5
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- Meursault premier cru les Santenots 2017 : le nez s’est avéré très expressif, mais davantage sur les fruits jaunes avec une expression moins fine qu’avec le verre n°1. En bouche, il est croustillant, frais et extrêmement flatteur.
- Chevalier Montrachet Grand Cru 2017 : le nez révèle des notes minérales et la bouche est d’un grand classique où le chardonnay fait alliance avec son terroir.
- Montrachet Grand Cru 2017 : ici ce grand cru est consensuel et flatteur.
- Clos Vougeot Grand Cru 2017 : nez aux notes boisées qui ressortent davantage et la bouche exhale les petits fruits noirs.
6. VERRE N°6
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- Meursault premier cru les Santenots 2017 : le nez est floral et délicat, mais il fait ressortir les notes boisées de l’élevage avec une tendance à alourdir le vin.
- Chevalier Montrachet Grand Cru 2017 : exactement la même impression que le Meursault, le boisé prédomine tous les autres arômes.
- Montrachet Grand Cru 2017 : à l’inverse le Montrachet est ici dans un parfait équilibre.
- Clos Vougeot Grand Cru 2017 : il exhale un parfum d’oeillets et la bouche apparaît plus rustique avec moins de classe qu’avec les verres précédents.
7. VERRE N°7
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- Meursault premier cru les Santenots 2017 : l’ouverture est très large et ne permet pas de percevoir les parfums du vin. La bouche apparaît dissociée pour ne laisser en place que sa salinité.
- Chevalier Montrachet Grand Cru 2017 : le vin apparaît plus alourdi et vanillé.
- Montrachet Grand Cru 2017 : devenu très consensuel il perd tout son intérêt.
- Clos Vougeot Grand Cru 2017 : rend le vin banal et ne fonctionne pas sur rouge.
8. VERRE N°8
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- Meursault premier cru les Santenots 2017 : non testé
- Chevalier Montrachet Grand Cru 2017 : non testé
- Montrachet Grand Cru 2017 : il fait ressortir nettement l’amertume du vin
- Clos Vougeot Grand Cru 2017 : le nez n’est pas forcément charmeur, plutôt rustique avec des notes de réduction. La bouche est très élégante mais fait ressortir les tanins. Il sera sans doute idéal sur un vin moins jeune.
Conclusion de cet essai :
Si je dois établir un classement en fonction de l’expression aromatique sur l’ensemble des 4 vins dégustés et l’harmonie en bouche :
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- Notre préférence se porte sur le verre n° 1 : il met réellement tous les vins en valeur, tant au niveau aromatique que de leur toucher de bouche, sa forme est classique mais fonctionnelle, il est solide et facile à prendre en main. Sa forme tronconique fait penser aux cuves bois de macération et de vinification. C’est le verre universel par excellence. Il s’agit du LEHMANN – Modèle Hadrien 45 – Collection Fabrice Sommier – Verre à la forme tulipe très classique, sans plomb, soufflé machine, de 45 cl, H 215 mm, ⊘ 95 mm, pas spécifiquement léger et indiqué pour tous types de vins.
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- En second : ce verre par sa forme sobre, élégante et élancée permet une belle expression aromatique des vins, rouges et blancs, en évitant toutefois les vins qui nécessitent une aération conséquente avant leur dégustation. Il semble solide et fera un joli verre pour la restauration, c’est le verre SYDONIOS – L’Universel – Cristal sans plomb – Soufflé bouche -Hauteur : 230 mm – Largeur : 78 mm – Ratio : 1.4 – Contenance : 350 ml – Lavable en machine.
Notre choix se porte ainsi sur des verres qui s’adaptent aux 2 couleurs et présentent les vins dans un équilibre juste.
Pour les verres ayant une fonction et une destination particulière déterminée par les fabricants, nous n’avons pas été complètement convaincus par leur fonctionnalité, sans que leur esthétisme, leur qualité de matière et leur design ne soient évidemment remis en cause.
Quant à l’influence du verre sur le vin, elle est une fois de plus prouvée, mais son importance nous a réellement surpris. Le vin apparaît complètement différent d’un verre à l’autre et en voulant faire des choix de verres complexes ou plus travaillés, on peut commettre des erreurs et passer à côté de la qualité et de la volupté d’un grand vin, tout simplement parce qu’il n’est pas dégusté dans le bon contenant.
Je n’entends pas révolutionner la planète vin, ni l’univers de la dégustation avec cet article, d’autant plus que le panel de dégustateurs n’est pas élargi et qu’il s’agit d’un essai à un instant T,
qu’il existe déjà moults articles sur ce sujet, mais il montre l’influence extrême de la forme du verre sur notre perception du vin.
Le vin est bien sous influence !!
Marie-Antoinette de Szczypiorski
4 Commentaires
Ça c’est une véritable et belle analyse qui ne m’étonne pas dans ta conclusion.
Bravo
Merci Philippe pour ton commentaire ! Même si on le sait, on imagine pas à quel point c’est bluffant….
Thanks for your blog, nice to read. Do not stop.
Thank you for your comment !